D’une part, des technocrates qui, depuis la promulgation de la loi, ont pris les rênes, peut- être parce qu’ils sont frustrés que cette loi leur ait échappé durant son élaboration. Au point que le corps politique a désormais beaucoup de mal à se faire entendre, ce qui est un comble mais pas une nouveauté dans notre pays. Que les fonctionnaires mènent la danse et la France décompense ! On se demande alors qui détient véritablement le pouvoir; il y a de quoi s’inquiéter devant tant d’arrogance, de défiance, de manque de bon sens et de méconnaissance de la réalité du terrain. Et l’on se rend compte que, tout compte fait, le seul contre- pouvoir c’est nous, les personnes concernées, les associations et la rue, libres de leurs paroles. Faut-il vraiment s’en réjouir ?

D’autre part, des cabinets ministériels qui ont une notion de la participation à sens unique. Par méconnaissance de la population qu’ils sont censés encadrer et accompagner dans l’évolution que propose la loi et dans sa mise en oeuvre. À ce jour, nous sommes consultés mais guère écoutés : le grand handicap des caciques de l’État est qu’à leurs yeux nous restons avant tout des « handicapés » ! De ce fait, ils éprouvent de grandes difficultés à nous envisager comme des interlocuteurs à part entière, des partenaires avec lesquels on travaille d’égal à égal, des citoyens au sens profond du terme.

Voilà des années que nous revendiquons une authentique participation, une réelle considération; nous n’avons en retour, au mieux qu’une considération condescendante, celle que l’on accorde en général aux démunis, aux assistés, aux faibles et aux laissés pour compte. Mais le vent tourne, comme l’a récemment démontré le rassemblement organisé à Toulouse par Être Et Avoir 31 et la Coordinations Handicap et Autonomie. Un rassemblement dont le but principal était de dénoncer ce déni de participation en pointant les incohérences de la circulaire du 11 mars 2005 relative au déploiement des forfaits grande dépendance : des incohérences dues justement à ce refus de nous écouter, de nous considérer comme des partenaires.

Voilà pourquoi, toute notre énergie et notre volonté seront inlassablement tournées vers un seul objectif : être pleinement reconnus et vraiment participer à la mise en oeuvre d’un dispositif et d’une loi qui nous concernent et dont nous avons été les catalyseurs. Jusqu’à ce que nous obtenions gain de cause !


Marcel Nuss, Président de la Coordination Handicap et Autonomie, juin 2005.

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