L'Assemblée
Nationale a voté à l'unanimité le texte de loi sur la
fin de vie, conséquence nationale de l'affaire Vincent
Humbert. Jugée incomplète par les députés de gauche, qualifiée
d'étape législative vers la reconnaissance d'un droit
à l'euthanasie médicale librement décidée par la personne,
elle a néanmoins été approuvée par tous les députés.
On pouvait penser que la situation irait même avec le
projet de loi d'égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées,
mais le contexte était autre, l'enjeu différent.
Bien des parlementaires de la Majorité ont pesé sur les
débats, tentant d'imposer des intérêts particuliers contrariés
par certaines dispositions telle l'accessibilité universelle
du cadre bâti et des transports ou la liberté de scolarisation
à l'école ordinaire. Ceux de l'Opposition ont tenté de
remettre en cause les fondements mêmes de la loi en s'appuyant
sur les travaux d'organisations internationales prônant
la reconnaissance de la situation de handicap. Ce débat
entre "situationnistes" et "personnalistes" a pollué le
débat, déplacé l'enjeu: les personnes handicapées doivent-
elles sortir enfin de l'assistanat social et des cadres
spécifiques de prise en charge pour rejoindre l'ensemble
du corps social en disposant des adaptations nécessaires
? L'analyse du texte de loi que les députés voteront le
18 janvier ne répond favorablement qu'en partie à cette
interrogation, et l'opposition parlementaire n'adoptera
pas le projet; la majorité U.M.P/ U.D.F sera seule à l'approuver.
Non pas que les partis Socialiste et Communiste ait su
faire entendre la voix des personnes handicapées insatisfaites:
ils ont davantage été les porte- parole d'associations
aux revendications souvent contradictoires entre elles
ou avec les attentes des personnes.
On aurait aimé que 2005 marque l'entrée dans l'égalité
républicaine des cinq millions de personnes handicapées,
et leur sortie du misérabilisme et de la commisération
qui font les belles soirées de dames patronnesses désoeuvrées.
La loi d'égalité des droits et des chances, bien qu'ayant
un parfum d'inabouti, marque une étape importante sur
le chemin de la reconnaissance citoyenne des personnes
handicapées mais les maintient encore trop dans la prise
en charge médico- sociale et la dépossession de la liberté
du choix de vie. Mais pouvait-il en être autrement du
Grand Chantier Présidentiel à l'heure des restrictions
des dépenses publiques à caractère social et des transferts
de charges vers les collectivités locales ? L'émancipation
des personnes handicapées s'arrête encore là ou les prérogatives
du Ministre des finances commencent...
Laurent Lejard,
janvier 2005.
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