Le Conseil de Paris a récemment examiné le bilan de trois années d’actions initiées par la Ville et le Département. A l’entrée du monumental Hôtel de Ville, les invités handicapés moteurs ou déficients visuels ont d’abord été bloqués par des molosses bipèdes aussi aimables qu’on imagine, et qui les ont stockés dans un coin en attendant les ordres. La secrétaire générale de l’Association Valentin Haüy fut ainsi expédiée dans les tribunes réservées aux invités du groupe U.M.P. Pourquoi ? « Parce que c’est comme ça ! », a aboyé un cerbère.

Vint l’heure du débat. De prime abord, les élus parisiens auraient dû se réjouir de la multiplication par dix du budget affecté aux besoins de tous ordres des personnes handicapées. Las, à l’exception des orateurs inscrits, les échanges ne semblèrent intéresser personne en dehors des vitupérations politiciennes habituelles (« Votre bilan est calamiteux », « Notre politique est exemplaire », etc). Arrivé très en retard, le conseiller municipal Edouard Balladur plongeait aussitôt dans la lecture ostentatoire d’un grand quotidien économique, lui qui contribua pourtant à fonder feu le Comité National de Réadaptation des Handicapés (C.N.R.H, liquidé en 2002). Pendant ce temps, élus de l’opposition comme de la majorité vaquaient d’un banc à l’autre pour évoquer diverses choses certainement plus décisives à leurs yeux que le débat du jour…

Le maire allait-il avoir à coeur de rattraper les choses lors du déjeuner organisé le jour même avec la presse ? Les questions fusèrent (évidemment) sur le mariage homosexuel ou le devenir architectural du quartier des Halles, sujets parisiens à la mode. Une seule question concerna le débat matinal, celle que posa votre serviteur sur les conditions d’accès et de tarification du service Paris Accompagnement Mobilité (PAM). La seule également à laquelle Bertrand Delanoë ne se donna pas la peine de répondre, préfèrant confier cette tâche à Pénélope Komitès, adjointe en charge des personnes handicapées, dont la réponse fut simplement technique (lire actualité au 7 juin).

Paris fait certainement de gros efforts pour améliorer la vie quotidienne des personnes handicapées mais ses élus ont encore visiblement beaucoup à apprendre sur le sens du mot « respect »…

Laurent Lejard, juin 2004.

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