Le Gouvernement a donc tranché : les salariés français devront désormais travailler gratuitement un jour férié, le lundi de Pentecôte. Les français l’aimaient ce long week-end, moi la première ! Traditionnellement, la plupart des chorales partaient donner un ou plusieurs concerts en Province. J’aimais chanter dans le car, et le soir sur les places… eh bien c’est fini. Bien des catégories de français le pourront toujours : professions libérales, agriculteurs, retraités. Ils échappent à la « solidarité nationale ». Pas question de trop protester, on se sent mal à l’aise. La culpabilité est là : ne pas oublier la canicule et ses morts (zut, on avait laissé Grand- mère à la maison !) et puis… on sera vieux nous aussi, pas vrai ? Terribles, ces images de nos futurs vieux jours.

Et nous dans tout ça ? Madame Boisseau se trouvait derrière Monsieur Raffarin quand il a présenté son plan. Elle a emboîté le pas au 4e âge car cela faisait deux pierres d’un coup. Elle se demandait sûrement comment elle allait financer le droit à compensation. Alors, on a « profité » de Grand- mère et, comme ça, tout se mélange dans la tête des gens. « Infirmes » et « Vieux », le tour est joué ! Moi, ça ne me va pas, mais pas du tout !

Nos problèmes ne sont pas les mêmes, notre attente de la vie non plus ! La vie nous attend, elle est devant nous. Nous nous battons pour avoir les mêmes droits, les mêmes possibilités que les autres. Nous voulons sortir, travailler, chanter, vivre ! Nous voulons que le regard posé sur nous change ! Avec ce fichu lundi, ça ne risque pas ! C’est tout juste si les français ne vont pas nous mettre dans leur tête en maison de retraite améliorée et, au cas où ils fassent la différence, ce ne sera pas évident qu’ils soient heureux de travailler plus pour que l’on puisse vivre comme eux.

Il eût été si simple d’augmenter la C.S.G. Il eût été plus positif d’expliquer qui nous sommes, de ne pas tout mélanger. Mais désormais nous voici dans l’ère de la « charité publique obligatoire », autre époque qui suit celle de la mendicité organisée par les grandes organisations dont l’Association des Paralysés de France était le fleuron. « Pour les handicapés, s’il vous plait… » me faisait- on dire enfant ou ado quand, humiliée, j’étais dehors, le tronc à la main. Comme par hasard, dans un sondage réalisé au printemps, cette même A.P.F demandait aux français s’ils seraient prêts à donner une journée de travail pour les handicapés. Les français avaient répondu par un oui massif ! Les pauvres, ils ne savaient pas.

Dans le Plan d’action national pour les handicapés appelé « De patient à Citoyen » adopté en mai 2000 par le Parlement Suédois, on peut lire : « Envisager la politique à l’égard des handicapés sous l’angle de la démocratie revient à s’efforcer de voir toute la diversité des besoins et des attentes de chacun. L’Etat a sur ce point une responsabilité particulière ». L’Etat français en a-t-il conscience ?

Gisèle Caumont, novembre 2003.

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