Vincent Humbert veut mourir. Entièrement paralysé, muet, presque aveugle, il exprime sa volonté en « parlant » avec son seul pouce. Ce jeune pompier volontaire âgé de 22 ans a été accidenté alors qu’il rentrait chez lui après un week- end de travail. Depuis, comme avant lui le belge Jean- Marie Lorand ou la britannique Diane Pretty, il demande le droit de pouvoir mettre fin à ses jours. Il a écrit au Président de la République en décembre dernier, et plus récemment décrit sa vie de souffrance dans un livre.

Il était légitime que nous demandions au Ministre de la santé et des personnes handicapées s’il envisageait d’ouvrir un débat national sur le droit à mourir pour les personnes qui ne peuvent mettre fin par elles- mêmes à une vie qu’elle ne veulent plus vivre. Mais Jean- François Mattéi s’y refuse, pour ne pas débattre à vif, arguant de l’état de santé de Vincent Humbert et de l’état mental de sa mère. On l’a connu moins sourcilleux lors du déchaînement qui a suivi la confirmation de l’arrêt Perruche, en novembre 2001 : le député Mattéi avait alors usé de toute sa force de persuasion et de ses amitiés politiques pour imposer au Parlement un texte qui mettait un terme, quatre mois plus tard, à l’indemnisation du handicap du fait de la naissance. Depuis, le Ministre Mattéi tarde à octroyer aux personnes lourdement handicapées, dont Vincent Humbert, les moyens d’une vie valant la peine d’être vécue, des moyens qu’il leur avait promis.

Les Pays-Bas et la Belgique se sont dotés d’une législation sur l’euthanasie active. La Suisse a une pratique encadrée et bienveillante. Au Royaume-Uni, le débat est lancé. Mais en France, par la volonté d’un ministre, il est urgent d’attendre…

Laurent Lejard, septembre 2003.

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