L ‘Association des Paralysés de France soutient cette idée que chaque actif de notre pays donne une journée de travail à l’action en faveur des personnes handicapées. Cette proposition aurait l’assentiment des trois- quarts des français, à en croire un sondage publié récemment dans l’hebdomadaire catholique La Vie. On peut voir là une prise de conscience du besoin d’aide et de soutien que nécessite le retard accumulé par la Solidarité Nationale pour faire de chaque personne handicapée un citoyen à égalité de droits et de devoirs.

Mais comment ne pas s’interroger sur une contradiction doctrinale : l’égalité entre les citoyens, également prônée par l’APF, est-elle conciliable avec un don d’argent d’une majorité en faveur d’une minorité nécessiteuse ? Plus précisément, donner une journée de travail aux personnes handicapées ne contribuerait-il pas à les maintenir dans une condition de citoyens de seconde zone, ceux auxquels il faut encore donner ? Est-on l’égal de celui qui vous fait l’aumône ? La faillite de l’action de l’Etat et des collectivités locales doit-elle être réparée par la quête ?

Aider un voisin paraplégique dans ses travaux de bricolage, assister un collègue aveugle dans la gestions de sa paperasse, expliquer à un copain déficient intellectuel comment se diriger dans les transports en commun, expliquer à un ami sourd le charabia d’un service administratif, ce sont là des actions de solidarité quotidienne envers les personnes avec lesquelles on partage un bout de vie. Parce que le paralytique, l’aveugle, le sourd, le handicapé mental ont leur personnalité, leur expérience, leur richesse, leur rôle social et une place affective dans la vie de ceux qui les côtoient. Une relation basée sur un respect mutuel, une convivialité et une part égale d’humanité.

Laurent Lejard, juin 2003.

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