Pour être optimiste et joyeux ces temps-ci, il faut être fabricant d’armes ou de producteur de pétrole. L’humeur est aux préparatifs d’une guerre hypocrite, pour la maîtrise de la ressource pétrolière sous le prétexte de mettre à bas un régime oppresseur de son peuple. Les Etats qui soutiennent la conception belliqueuse de la Pax Americana de George Walker Bush se rendront prochainement complices de la mort de milliers de civils et du handicap de centaines de milliers d’autres. S’il est légitime qu’un pays se protège de l’agression extérieure (et les USA l’ont fait à l’excès en emprisonnant sans jugement plus d’un millier de simples citoyens parce qu’ils avaient le tort d’avoir une nationalité proche-orientale) le génocide sanitaire d’une population au moyen d’un embargo et l’invasion programmée d’un pays souverain ne sont pas acceptables lorsque l’on se veut le chantre du monde libre et de la démocratie.

En France, le climat est morose. Le séisme politique du 21 avril est une leçon bien mal assimilée lorsque l’on voit à quels errements les partis politiques en sont réduits. Les budgets sociaux ont été compactés par le nouveau gouvernement. Sale temps aussi pour les aides techniques, toujours aussi chères et mal financées : plusieurs sociétés spécialisées dans l’innovation et la vente (Cytale, Electrel, Ctechnologies) ont été liquidées. La presse des personnes handicapées est en difficulté : Déclic a suspendu sa publication en attendant un repreneur, L’Agrandi cherche une solution pérenne pour éviter l’accident. Les débats essentiels de société comme la jurisprudence Perruche, la demande de vie ou à défaut, de mort digne, ont été réglés à coup d’idéologie conservatrice : « vous naîtrez dans la douleur, vivrez dans la souffrance et mourrez dans l’acharnement » !

Reste l’Année européenne des personnes handicapées. Lancée par la Commission Européenne comme une action d’émancipation, elle sera en France ce que les personnes en feront : une opération de propagande du ministère de la santé et des personnes handicapées (qui nous assure que demain ça sera mieux avec le droit à compensation que le Président de la République a déjà implicitement soumis à conditions de ressources) ou une ouverture sur la vie et la citoyenneté. A nous d’en décider…

Laurent Lejard, décembre 2002.

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