Le scrutin final de l’élection présidentielle voit s’affronter le président sortant Jacques Chirac, démocrate respectueux des libertés publiques et des droits de l’homme, et un candidat qui n’a eu de cesse tout au long de son action politique que de combattre et de vouloir la disparition de ces droits et libertés. Les personnes handicapées compteraient parmi les premières victimes d’une politique prônant l’exclusion de ceux qui sont « différents », regroupés dans des « hameaux d’accueil » en attendant mieux… ou pire.

Clarté.
 Face à ce danger potentiel, quelques associations ont clairement pris parti. Parmi elles, citons l’ADEP (Polios), qui demande à ses adhérents de voter Jacques Chirac « afin de préserver les valeurs de la démocratie et de la République, de faire barrage au parti de l’extrême droite ». L’ADAPT, par la voix de son président Jean- Jacques Boissard, adresse un message d’alerte à ses bénévoles et sympathisants et appelle « chacun, en conscience, à utiliser le bulletin de vote Jacques Chirac [pour] dire non aux idées d’exclusion, de repli, de peur et de division ». L’AMI (malades et invalides) « très attachée aux idéaux républicains […] appelle à refuser le racisme, la xénophobie, la régression sociale, la politique d’exclusion [et] à voter pour le candidat Jacques Chirac ». Cette association appelait également à manifester le 1er mai aux côtés des organisations démocratiques, de même que la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA), qui regroupe environ 400.000 associations en France.

Brouillard.
 D’autres associations nationales ont préféré adresser des messages (trop ?) savamment pesés, à la limite du décryptage. L’Unapei (handicap mental) avance ses grands principes, « la tolérance, l’acceptation et le respect de la différence, et la solidarité » et appelle de tous ses voeux à « la préservation et [au] développement de ces valeurs essentielles ». La Fnath (accidentés et handicapés) « s’interdit toute expression politique partisane, notamment dans le cadre d’une campagne électorale » tout en appelant « tous nos concitoyens au respect des valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité sur lesquelles repose notre démocratie ». 44 des 59 associations membres du Comité d’Entente des associations de personnes handicapées (liste des signataires en bas de page) réaffirment qu’elles « agissent pour que la personne en situation de handicap, moteur, sensoriel, mental…, soit considérée comme un citoyen à part entière ».

Obscurité.
 L’AFM (myopathies), interrogée par nos soins, déclare ne pas prendre officiellement position; elle est pourtant signataire du communiqué du Comité d’Entente ! Le CNPSAA (regroupement des principales associations de déficients visuels) est exactement dans la même situation : son président, Pierre Guillermet, qui est également secrétaire général de l’Union des aveugles de guerre, nous a rappelé la vocation apolitique des associations tout en désapprouvant, à titre personnel, les manifestations de protestation qui ont eu lieu ces derniers jours…

C’est pourtant bien la clarté qui devra prévaloir au soir du 5 mai 2002 afin que les citoyens conservent le plein exercice d’un choix démocratique qu’ils ne manqueront pas de faire valoir de nouveau lors des élections législatives des 9 et 16 juin prochains…

Laurent Lejard, mai 2002


Associations signataires du communiqué publié par le Comité d’Entente : AFEH / AFM / AFP / AMI / ANCC / ANCE / ANPEA / ANPIHM / ANPSA / ANRTP / APF / AAPI / Alliance Maladies Rares / ANECAMPS / ATHAREP / BUCODES / CESAP / CLAPEAHA / CNPSAA / CORIDYS / CTNERHI / Eucrea France / FAGERH / FFAIMC / FMH / Fédération Française des Associations de Spina Bifida / Fédération Française Sésame Autisme / FFSA / FISAF / FNASEPH / Gap- Uneta / GIHP / Groupe Polyhandicap France / INTEGRANCE / LADAPT / PRO AID AUTISME / UNAFAM / UNAFTC / UNAPEI / UNASEA / UNISDA / UNPF / UNITH.

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