La presse nationale et les hommes politiques – de droite pour la plupart – se sont émus de la remise en liberté de délinquants ou de criminels du fait d’une erreur de procédure sanctionnée par un tribunal. Nous n’entendrons certainement pas les mêmes propos en réaction à l’histoire survenue à la fin du mois de janvier à Vadym Krechetov, jeune sourd ukrainien séjournant illégalement en France. Un tribunal lillois a demandé sa remise en liberté alors que le Préfet exigeait une reconduite à la frontière : au cours de la procédure, le jeune homme n’avait pas été informé de ses droits dans une langue qu’il puisse comprendre, celle des signes en l’espèce.

Le service public de la Justice connaît d’autres défaillances, qui ne sont pas moins graves aux yeux de ceux qui en sont victimes. Par exemple, la mésaventure récemment survenue à cet homme atteint d’une ataxie cérébelleuse : convoqué en tant que plaignant à une audience de la Cour d’Appel de Paris, il n’a pu y assister parce que l’ascenseur qui la dessert est en panne depuis quelques semaines. Ou cette décision prise à Marseille dans le cadre du plan Vigipirate: sur les deux entrées du Tribunal de Grande Instance, devinez laquelle a été fermée pour renforcer la sécurité ? Celle qui est de plain-pied, évidemment !

La Justice arbore aux frontons de ses Palais une allégorie : une femme aux yeux bandés tenant à la main une balance en signe d’égalité. En la matière, elle a encore du travail à accomplir…

Laurent Lejard, février 2002.

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