Récemment organisé à Nantes par l’association Corto Loisirs, le premier forum des loisirs adaptés a rencontré un vif succès : « Visiblement, notre idée était très bonne puisque 3.500 visiteurs sont venus en plein week-end de Pâques, explique Olivier Rabbaland, directeur de Corto Loisirs. Ce forum correspond à un besoin des familles. On a touché les parents, des professionnels du handicap et des personnes qui n’ont pas de lien avec le monde du handicap ». Les visiteurs venaient essentiellement de Nantes et de sa proximité, mais beaucoup résident en Bretagne et autres régions limitrophes. Les trois quarts des exposants proposaient des activités réalisées en mixité valides-handicapés. Certains ont découvert des activités adaptées qu’ils ne connaissaient pas, tels la danse en fauteuil roulant ou le quadrugby. L’une des difficultés constatées réside dans la difficulté de trouver l’information, d’identifier les offres d’activités de loisirs.

Pour combler cette lacune, Corto Loisirs va prochainement inclure dans son site Internet une base de ressources sur l’existant, et réaliser un guide papier : « Il y a de l’offre, qu’il faut savoir chercher en dehors de sa commune de résidence, précise Olivier Raballand. Cette recherche est compliquée, surtout pour une activité spécifique ». S’il estime que les activités de loisirs adaptés commencent à être bien diffusées, il déplore que les vacances adaptées concernent essentiellement les groupes de personnes avec handicap lourd, et un contenu d’activité allégé voire faible. En matière d’intégration dans les centres de loisirs, Olivier Raballand constate que l’intégration est effectuée au cas par cas par les municipalités : « Certaines disent que c’est compliqué, qu’on ne va pas pouvoir ou savoir-faire, et finalement ne prennent pas de risques et ne font rien. C’est un frein à lever, qui dépasse le handicap en lui-même, du fait de la diversité des handicaps ».

Si les centres aérés ou de loisirs ont pignon sur rue, bien d’autres initiatives privées concourent aux loisirs des enfants handicapés, telle celle de Frédérique Hood. Son association parisienne, Trouve-moi une école, a lancé ses premiers ateliers à l’automne 2005 : « Ce qui m’intéresse, c’est l’intégration. On a démarré durant les petites vacances scolaires. La première année, la quasi-totalité des enfants était valide, et on s’est demandé si l’absence d’enfants handicapés résultait d’un problème d’argent rencontré par les familles. On a alors proposé des tarifs préférentiels, réglé le problème du transport des enfants, contacté des organismes spécialisés. En fait, le problème était ailleurs : on a constaté que les parents d’enfants handicapés sont réticents à l’intégration, ils ont peur que l’on pointe leur enfant du doigt, un schéma mental sur le risque de stigmatisation ».

C’est sur cet aspect que Frédérique Hood a agi auprès des parents, et depuis 2006 elle accueille des enfants handicapés : « Le contact, les relations sont facilement établies entre les enfants. Ça culpabilise les parents d’enfants valides au début. L’enfant ‘évangélise’ ses parents, qui doivent quand même avoir envie de les envoyer dans un atelier qui accueille des enfants handicapés; on ne peut pas s’affranchir de leur volonté ». Frédérique Hood propose le mercredi et durant les vacances scolaires des ateliers d’anglais, d’arts plastiques, de dessins animés, de chant; avec plusieurs éducateurs et professeurs, elle fait travailler les enfants par petits groupes de 8, et jusqu’à 10 pour la musique chorale, pour que les enfants apprennent à se connaître et aient plaisir à se retrouver. Les ateliers se déroulent dans le grand appartement de leur initiatrice, qui recherche actuellement un local pour les développer. Elle accueille des enfants autistes sans troubles de comportement, infirmes moteurs cérébraux, handicapés moteurs ou déficients intellectuels : « On a encore apprendre en matière de loisirs éducatifs adaptés, conclut-elle, la mentalité est encore ghettoïsante alors que l’intégration doit se réaliser ».

Laurent Lejard, mars 2008.

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